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Laissons toute sa place au deuil


Décembre est là, les décorations de Noël foisonnent pour nous mettre au diapason de la fête, et c’est bien comme ça.

Mais pour tous ceux qui sont en manque de « l’autre », époux, épouse, enfant, maman, papa, mamie, papy, frère, sœur, ami(e)… (la liste n’est pas exhaustive), l’approche de ces fêtes de fin d’année (et d’ailleurs toutes), vous est insupportable.


Christian Bobin écrit très bien ce sentiment de n’être plus dans le monde, mais à côté, comme détaché de tout ce qui se passe autour de nous lorsque l’on a perdu un être cher.

Amis endeuillés, vous me le dites très bien du reste.

« Je n’aime plus les fêtes, elles deviennent une corvée, elles génèrent de la souffrance encore plus grande lorsque je vois l’effervescence autour de moi, l’absence est alors immense et ma peine aussi... »


Une de mes amies me racontait récemment qu’elle n’aimait plus Noël depuis qu’elle avait perdu son jeune frère, puis quelques années plus tard sa maman, dans cette même période. Lorsque je lui demandais comment elle avait alors géré Noël avec ses deux filles ? Elle m’a expliqué que Noël était fêté, mais sans enthousiasme et qu’aujourd’hui, avec ses enfants et ses petits enfants, Noël se fêtait en décalage, c’est-à-dire, après les fêtes. Elle me précisait que même toutes les décorations de fin d’année ne faisaient plus partie de son univers et qu’elle les avait données à l’une de ses filles.

Ce qui la rendait moins disponible aux autres pendant la période de Noël a été transformé en une autre réunion de famille le mois suivant, où l’on se retrouve tous ensemble pour s’échanger ses présents.


Pour ma part, les fêtes de fin d’année se passent en famille, avec ceux que j’aime. Et puis, il y a ceux qui nous ont quittés, que l’on n’oublie pas. En effet, chaque année, une bougie est allumée pour chacun de nos absents. C’est aussi l’occasion de faire mémoire, de parler de nos chers disparus.

Comment traverser ces périodes difficiles tout en vous préservant ?

Dans cette période de fête, prenez encore plus soin de vous, en étant à l’écoute de tout ce qui se passe en vous, en vous respectant. Surtout, soyez vous-même.

La peine éprouvée lors du décès d’une personne aimée est une nécessité et un privilège ; c’est le résultat de donner et recevoir de l’amour. Ne laissez personne vous enlever cette peine. Aimez-vous. Soyez patient. Entourez vous des gens qui vous aiment et sur qui vous pouvez compter.

N’hésitez pas à mentionner le nom de la personne qui est décédée dans vos conversations. Si vous êtes capable d’en parler, les gens qui vous entourent reconnaîtront probablement votre besoin de vous rappeler que cet être cher prenait et prend toujours une place importante dans votre vie.

Les souvenirs sont la plus belle richesse qui puisse rester après le départ d’un être cher. Au lieu de les ignorer, partagez-les avec votre famille et vos amis. N’oubliez pas que les souvenirs peuvent apporter joie ou tristesse. S’ils vous apportent de la joie, souriez. S’ils vous apportent de la peine, vous pouvez pleurer.

Quelques pistes pour explorer de nouvelles façons de vivre les fêtes grâce à des rituels personnels

Honorer votre être cher afin qu’il soit présent dans vos traditions


Afin que chacun se sente respecté dans son deuil, de nouveaux rituels pourraient être proposés lors de ces rencontres familiales. Si l'on accepte de laisser place à ses émotions et de rester à l'écoute de celles des autres membres de la famille, la voie est ouverte à l'échange et au cheminement positif.


On pourrait, par exemple :


Se rappeler les bons moments passés en compagnie du défunt, lui porter un toast ou regarder ensemble l'album de famille.


Il serait également possible de proposer un moment de silence où chacun serait libre de se recueillir à sa mémoire.


Ou encore allumer une bougie dans un bougeoir spécial pendant un de vos repas de fêtes ou mettre à table, à la place que l’être cher aurait occupée, une marque de reconnaissance spéciale, comme une photo, une fleur ou un autre souvenir. Ce rituel apporte un réconfort tout particulier lorsque votre deuil remonte à peine à un an ou deux.


Ce peut être un rendez-vous au cimetière, ou dans tout autre lieu où s’est déroulé l’enterrement ou la dispersion des cendres, pour y laisser un symbole de fête : une décoration, un article évocateur ou même une note personnelle.


Et pourquoi pas monter un arbre-souvenir et inviter votre famille à y accrocher des souvenirs ; si un arbre ne convient pas, songer à un autre contenant comme une corbeille joliment décoré, ou pourquoi pas le sapin de Noël pour y accrocher une boule transparente (en 2 parties) pour y glisser une photo, un message, un prénom... Ou encore un petit ange, symbole pour l’enfant qui n’est plus, ou une étoile avec (ou sans photo).

À chaque famille de trouver un terrain d'échange où tous les membres sont à l'aise.

Respecter vos limites

Sachez ce dont vous êtes capable et ménagez-vous sur le plan émotionnel, physique et spirituel.


Simplifiez vos projets dans le temps des fêtes (télécharger le petit guide pour des temps difficiles ici)


En famille, discutez des éléments les plus agréables et les plus importants de vos traditions. Explorez comment vous pourriez les transformer pour tenir compte du vide laissé par le décès de votre être cher. Vous aurez peut-être à réassigner des rôles et à revoir les dates, les lieux et le genre d’activités. Un certain déséquilibre vous frappera peut-être, mais si vous unissez vos forces pour raviver vos rituels de fêtes, votre famille saura découvrir sa force vitale et sa résistance.


Faites de l’exercice à la mesure de vos capacités


Votre exercice peut se limiter à une balade à pied ou en vélo chaque jour ou si vous n’avez pas la possibilité de sortir de chez vous, faites-vous aider pour trouver des exercices qui vous conviennent. Le deuil sape souvent notre énergie et nous plonge dans la léthargie. L’exercice sert en fait de tonifiant, porteur de la vivacité dont nous avons besoin pour composer avec le deuil.


Maintenez une saine alimentation – ou reprenez-la


Pendant les fêtes, les repas sont souvent copieux. Vous aurez peut-être le goût de combattre votre peine en mangeant trop ou en consommant trop d’alcool. Mais vous pouvez tout aussi bien perdre l’appétit et vouloir fuir les festins comme les cocktails. Somme toute, que vous mangiez ou sirotiez un peu trop ou que vous évitiez les célébrations complètement, évitez de vous culpabiliser. Puisez plutôt dans vos réserves d’énergie pour reprendre les habitudes alimentaires dont votre corps et votre esprit jouissent le plus.


Gardez votre équilibre


Prenez du temps pour vous-même. Faites appel aux méthodes de réflexion qui vous sont familières et qui vous ont bien servi par le passé. Songez à ce que représente ce temps des Fêtes et à ce que votre deuil vient y changer. Prenez conscience de vos nouveaux aperçus. Trouvez un rythme qui vous permet de bien cerner vos sentiments.



Renouer avec le monde extérieur

Si vous pratiquez une religion, assistez à une de ses célébrations liturgiques. Si la religion ne fait pas partie de votre vécu, partez à la recherche d’activités communautaires qui vous semblent tremper dans l’esprit des Fêtes. Les événements qui vous font vivre cet esprit peuvent éveiller votre sentiment d’appartenance communautaire et vous donner un nouvel essor.

L’importance de se prendre en main

Les beaux rituels et les traditions significatives peuvent vous épauler dans cette tâche épuisante qu’est la conquête de votre deuil. Vous y trouverez une façon :


de saisir le passé et de reconnaître ce que vous avez perdu


de vous connaître autrement et de bâtir une nouvelle identité pour votre famille alors que vous renouvelez votre attachement à l’être cher disparu


d’accorder à l’être cher une nouvelle place dans vos vies, reflet de sa transformation en présence spirituelle.


Chaque fois que vous tentez une nouvelle approche pour passer à travers les Fêtes, pensez à ce qui a conservé vraiment sa signification et à ce qui l’a perdue. Vos expériences seront tantôt réussies, tantôt moins fructueuses. N’empêche, inspirés par vos discussions et votre complicité, vous et votre famille finirez par ranimer votre espoir et restaurer votre sérénité pour l’avenir.


En effet, même s’il est assombri par des vides à combler, le temps des Fêtes peut reprendre de plus belle sa lueur unique.



Bertrand Vergely, philosophe, a écrit un magnifique texte sur la lumineuse réalité que j’ai envie de partager avec vous :


Le côté sauvage, brutal, obscur de la vie exprime un énorme potentiel de lumière, pour qui sait lire…


On passe de l’obscurité à la lumière par un engagement de toute la personne.


Un tel engagement prend sa source dans un acte de foi.


Le fait d’envisager l’obscur comme la face cachée de la lumière étant un acte de foi. Mais pas seulement.


Un tel engagement prend aussi sa source dans une mutation intérieure profonde. Celle qu’opère le don de soi. Celui-ci fait passer de la violence à l’amour. Il transforme les ténèbres intérieures en lumière.


Le dévoilement de la vie n’est pas séparable, à cet égard, d’un dévoilement de soi.


Il faut être entré dans la nuit du réel afin de pouvoir regarder l’aurore de la beauté.


C’est à cette condition que la beauté devient réellement belle et non pas illusoirement belle.


Quand le beau n’est pas vécu de l’intérieur, il se confond au joli ainsi qu’à l’agréable, sans avoir ce que donne le beau essentiel : la puissance de ce qui a surmonté l’obscur afin de faire apercevoir le lumineux qui est l’autre face de la réalité. Sa véritable face.



Ce matin, alors que j’écris cet article pour vous, je regarde par la fenêtre, le soleil est généreux et vient me faire un petit clin d’œil à travers les vitres… Mon ami rouge-gorge, comme chaque jour depuis un mois, vient se poser dans mon jardinet et me regarde à travers la vitre.


Alors, j’ai envie de vous dire, amis endeuillés, que même si votre peine est grande, même si le manque est encore plus présent aujourd’hui, le soleil reviendra tout doucement vous réchauffer le cœur et vous fera revenir en douceur à la vie car vous savez déjà que nous gardons au plus profond de notre être ceux que nous aimons, toujours, et pour toujours.


Comme Jean Monbourquette le disait si bien, « nous aimons, nous perdons et le plus grand cadeau que nous laissent nos disparus, est que nous grandissons. »


Là est le véritable trésor.


Prenez soin de vous et de ceux qui vous sont chers.


Sources :

http://www.centrefunerairejoliette.com/

http://entraide-deuil.qc.ca/page/deuil-saider-durant-temps-des-fetes-49

http://www.virtualhospice.ca/

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